APPRENDRE A VIVRE AVEC L'OURS
(Photo : Ours brun © Anthony KOHLER)
A l’exception notable du panda géant, on voit bien que l’ours (et les grands prédateurs comme le lynx ou le loup en France) souffrent d’un traitement médiatique souvent sensationnaliste. Comment analyses-tu cette situation ?
Anthony : D’une manière générale, les animaux « sauvages » font souvent l’objet de sensationnalisme, encore plus quand on a affaire aux grands prédateurs. Ils incarnent une nature sauvage qu’on ne maîtrise pas, qui semble imprévisible. Or notre espèce a passé des siècles à essayer de s’affranchir de l’imprévisible. Ces animaux incarnent donc cette « lutte » pour sortir l’homme de sa situation de vulnérabilité.
Je pense qu’aujourd’hui on se rend compte qu’on ne peut pas tout maîtriser, tout éloigner de nous. Il faut apprendre à vivre en harmonie avec ce qui nous entoure, pas seulement pour le salut des ours mais avant tout pour le nôtre.
Dans ta vidéo du 6 Mai 2020 traitant de la situation de l’ours dans les Pyrénées, tu évoques la Slovénie (dont sont originaires les individus qui viennent renforcer la population franco-espagnole), un pays qui a l’habitude de vivre avec les ours. Quelles sont pour toi les clés d’une cohabitation apaisée entre les hommes et les ours ?
Anthony : Je crois que la différence est que l’ours a toujours fait partie prenante de la vie des slovènes. Ils connaissent l’ours, savent éviter les situations conflictuelles. Les troupeaux et les ruchers sont protégés. L’ours permet même à une partie de la population de rester dans l’arrière-pays grâce à l’éco-tourisme, au « bear watching ». L’animal représente donc un atout non négligeable pour la région.
On le voit en Espagne, en Croatie, en Roumanie, en Italie ou en Scandinavie, l’ours est un animal fascinant qui vaut le déplacement. Alors si on apprend à l’accepter, qu’on met en place des outils de cohabitation, il n’y a pas de raisons que cela ne marche pas.
A titre personnel, as-tu le souvenir d’une rencontre avec l’ours qui t’a particulièrement marqué ? Peux-tu nous en faire le récit ?
Anthony : Ma première rencontre avec un jeune ours en Slovénie m’a impressionné par le calme de l’animal. Il était tranquillement en train de s’alimenter, nous étions à bonne distance mais il s’est éloigné de nous, sans trop nous prêter attention pour continuer sa quête insatiable de nourriture.
Cela représente pour moi ce qu’est l’ours, le roi de la forêt.
Hormis nous, cet animal ne craint pas grand-chose. Lorsqu’il est encore jeune et insouciant, cela peut donner lieu à des rencontres incroyables !
Commentaires sur cet article