CHRISTINE ROLLARD LUTTE CONTRE LA MAUVAISE REPUTATION DES ARAIGNEES
(Image : Couverture du dernier ouvrage en date de Christine ROLLARD '50 Idées fausses sur les araignées' aux éditions QAE)
Dans votre dernier ouvrage, vous confrontez la réalité scientifique et vos connaissances terrain à 50 idées reçues au sujet des araignées. Quelles sont justement les clichés les plus répandus à leur sujet ?
Christine : A partir d’idées reçues que j’ai régulièrement entendues ou qui sont évoquées dans les médias et autres réseaux…, j’apporte plutôt des arguments scientifiques réels, que ce soit à travers ma propre expérience mais également et surtout ceux analysés à partir des écrits des collègues arachnologues du monde entier. Il est difficile d’indiquer les plus répandus au regard du nombre important de ces clichés mais éventuellement les questions les plus fréquentes portent sur la dangerosité supposée et les soi-disant « piqûres » d’araignées, la ponte sous la peau, le fait d’en avaler en dormant…
Quelles sont selon vous les causes de l’arachnophobie (= la peur des araignées) ? Est- elle justifiée et comment lutter contre ?
Christine : La cause de l’arachnophobie est inconnue et l’idée que la grande majorité des gens le soit est déjà une idée fausse ! Comment expliquer que certaines parties du monde ne comptent pas le moindre phobique ? Cette approche est très culturelle. Et même en France seulement 40% de la population auraient peur des araignées et à peine 10% seraient de véritables phobiques (peur et phobie sont deux termes souvent confondus !). Les éléments qui vont gêner les personnes réellement phobiques sont très variables selon les individus et la phobie étant irrationnelle, il faut travailler sur les associations qu’on fait ces personnes avec les araignées ; une des premières approches est déjà l’apport de connaissances. Mais cela ne suffit pas toujours ! Il faut être patient et réactiver entre autre sa curiosité.
La presse régionale, les réseaux sociaux et autres articles et vidéos à sensation s’emballent régulièrement sur la veuve noire, ‘l’araignée banane’, ou encore l’araignée violoniste… Quelle est la part de vérité là-dedans ?
Christine : Rien qu’en évoquant chacune de ces « espèces » au singulier, il y a une méconnaissance du groupe dans son ensemble ! Il existe plusieurs espèces de veuves noires et d’araignées violonistes dans le monde et sous le terme d’araignée-banane, deux espèces sont régulièrement mélangées ! Leur dangerosité est en général largement augmentée pour continuer à produire des articles à sensation. Et comme la majorité des gens les connaissent mal, il est facile de leur faire croire n’importe quoi. Beaucoup de journalistes ne se renseignent pas avant de donner l’information sur sa véracité avec l’argumentaire scientifique. Même si il peut y avoir des réactions individuelles plus ou moins marquées de personnes qui seraient mordues par un des représentants de ces groupes d’espèces, cette situation arrive déjà très très rarement dans la réalité et de plus, aucune de ces espèces n’est mortelle pour l’homme !
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