Comment les especes se deplacent pour s’adapter au changement climatique
26 Mai 2020
Présence de balistes cabris en Mer du Nord, observations de loups gris dans des pays européens et des départements français où ils n’étaient plus présents, acclimatation de perruches à collier à Paris ou Lille loin de leurs bases d’origine africaines et asiatiques, expansion de la zone de présence du redoutable moustique tigre : les exemples de la présence de nouvelles espèces animales dans des zones géographiques dont elles étaient jusqu’à présent absentes sont nombreux.
Pour qualifier ces nouveaux arrivés dans un écosystème, qu’ils soient végétaux ou animaux, on peut parler d’espèces dites envahissantes (voir notre dossier Anigaïdo sur le sujet). Si le caractère accidentel de leur implantation dans un nouveau milieu et leur impact sur l’écosystème qu’elles affectent sont indéniablement des critères pour juger de leur caractère invasif, certaines arrivées de nouvelles espèces se font aussi à la faveur du réchauffement climatique.
En agissant sur la pluviométrie, la luminosité et les températures, celui-ci modifie en profondeur les variables des écosystèmes. Pour les espèces animales et végétales qui y vivent, il faut alors soit s’adapter pour tenter de survivre à ces changements, soit pour celles qui le peuvent se déplacer pour trouver une nouvelle zone aux conditions plus favorables.
Un article du Monde du 25 Mai 2020 sur les déplacements des espèces animales et végétales liés au réchauffement climatique présente les résultats d’une étude française menée par le CNRS et publiée dans la revue Nature Ecology & Evolution.
12.000 espèces animales et végétales ont été suivies et leurs déplacements relatés dans deux siècles d’études scientifiques compilés dans une énorme base de données en accès libre appelée Bioshift.
Quelques observations présentées dans l’article :
- Ces déplacements démontrent une réponse des espèces au réchauffement climatique.
- Un déplacement de 6 km/an en moyenne des espèces marines pour aller cherche des eaux plus fraîches, avec une prédominance des espèces animales dites ‘ectothermes’ qui n’ont pas la capacité de réguler elles-mêmes leur température interne (les poissons par exemple).
- Un déplacement de 1 km/an en moyenne des espèces terrestres qui sont freinées dans leur mouvement par la fragmentation de leur habitat due aux transformations humaines.
- Une différence de déplacement entre les espèces des plaines et des montagnes, ces dernières ayant moins de distance à parcourir pour trouver des températures plus clémentes, même si comme l’évoque l’article ces déplacements verticaux constituent à terme des ‘ascenseurs vers l’extinction’.
- Certaines espèces endémiques s’éteignent quand les zones isothermes qui leur conviennent disparaissent.
Au sujet du loup gris, voir aussi cet excellent article paru dans Mediapart et dans lequel Antoine Nochy, écrivain-philosophe et grand connaisseur du loup, évoque les déplacements du canidé en réponse au réchauffement climatique :
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